Aricie goûtait alors une impression délicieuse de détente.Devant ce large paysage de ciel et d’eau,sur ce fond de villeàdemie voilée par la brume,elle laissait voler sa pensée loin des soucis du jour,elle oubliait ses tâches.Elle aspirait profondément l’espace et cette odeur marine,son coeur enétait tout gonflé.Son regard allait se poser sur le clocher de Saint-Michel,c’était la direction de sa maison natale,oùtous les siens avaient vécu…Puis,rabaissant les yeux sur les eaux,mesurant la distance qu’elles mettaient entre la ville et elle,elle lui comparait,par un jeu enfantin de l’esprit,cette autre distance idéale qui la séparait de la vie.Elle songeaitàcet autre fleuve de chagrins,de renoncements,d’amertumes,dont le flot chaque jour accru l’éloignait sans cesse davantage du bonheur.